Les 7 règles d’or d’une tisane thérapeutique réussie

Haaaa ! Comme il est loin le temps de la petite infusion que je prenais au coin du feu chez ma mère-grand, en papotant de trucs et d’autres tout en profitant de ce moment familial privilégié… Ou de l’horrible pisse-mémé très amer et insipide qu’elle me faisait avaler lorsque j’avais un rhume ou un mal de gorge… Bouark.

Non mais t’as vraiment cru que t’allais pouvoir me faire avaler ça ? T’as vu ma tronche ?

Cela réveille-t-il en toi de beaux souvenirs nostalgiques d’enfance ?

La tisane, oui, la fameuse, l’intemporelle, la fatidique, que dis-je… l’incontournable tisane reste depuis des millénaires l’un des moyens les plus utilisés et les plus efficaces pour soigner nos maux grâce à la magie des plantes…

Nos anciens savaient tant de choses… Et bien que la connaissance scientifique n’ai pas réussi à expliquer l’action thérapeutique de chaque molécule contenue dans une plante (encore aujourd’hui, nous en sommes loin), tout partait du bon sens et d’un grand sens de l’observation.

Aujourd’hui, l’infusion revient à la mode et se décline de nombreuses façons, symbole d’un mode de vie sain et naturel. Du thé noir au thé blanc, de l’infusion « bonne nuit les petits loulous » à l’infusion « détoxifie ton organisme après les fêtes sans culpabiliser« , il y en a pour tous les goûts.

Faire infuser des plantes est un art que tout apprenti(e) herbaliste se doit absolument de connaître. Tu veux savoir comment on fait ? Suis-moi, je te révèle tout.

De l’origine et des bienfaits de la tisane

L’usage des plantes médicinales pour soigner l’homme date de plusieurs millénaires. De nombreuses civilisations très anciennes avaient déjà compris l’intérêt d’utiliser les plantes pour se soigner : Mésopotamie, Egypte ancienne, Inde (avec l’Ayurvéda), Chine (avec la médecine chinoise), Pérou….

En Europe, la médecine par les plantes est connue depuis la Proto-histoire, pratiquée par les druides particulièrement érudits en la matière. Elle s’est ensuite étendue à l’Antiquité (grecs, romains), au Moyen-âge avec l’apparition des jardins de simples dans les monastères puis à la belle époque avec les cabinets d’apothicaires… et ce jusqu’à aujourd’hui.

Ils sont fous ces gaulois…

Les bienfaits de l’eau chaude sur le corps ne sont plus à démontrer. Dans la médecine chinoise par exemple, il est fortement conseillé de boire trois tasses d’eau chaude par jour (à température du corps, soit environ 37 – 40 degrés Celsius) pour garder la santé. L’absorption d’eau chaude faciliterait en effet la digestion, l’élimination des toxines et stimulerait le travail des organes dès le réveil.

L’infusion est ainsi considérée comme le plus vieux remède du monde.

Quel matériel utiliser pour faire une bonne infusion ?

Choisis toujours une plante médicinale de très bonne qualité

Choisis la TOUJOURS d’excellente qualité. Lors de l’achat, elle doit être :

  • En vrac (évitons le suremballage plastique… ZD power !!!! 😀 ) ;
  • Entière, sans partie abîmée ou nécrosée (les plantes en poudre sont plus difficiles à contrôler, perdent leurs qualités très rapidement et se conservent moins longtemps) ;
  • TOUJOURS d’origine biologique labellisée (sauf si elle provient de ton jardin ou de ta cueillette personnelle). Les résidus de pesticides peuvent se retrouver très facilement dilués dans l’eau, donc attention….

Tu peux te procurer tes plantes dans les herboristeries de renom, chez des tisanières comme Greenma, Happy plantes, les Tisanes d’Anaïs, les Simples de Charlotte, ou mieux, directement chez les petits producteurs bio de plantes médicinales !

Réunis le matériel indispensable pour faire une bonne tisane

Il existe plusieurs possibilité selon ta préférence :

  • Choisir une casserole en inox ou en fonte, inerte et sans perturbateur endocrinien ;
  • Pour une tisane individuelle, opter pour une pince à thé ou un infuseur en inox ou en verre à disposer dans une tasse (technique nécessitant de mettre l’eau chaude directement dans la tasse, méthode moins douce pour les plantes que la méthode suivante) ;
  • Opter pour un chinois ou une tisanière. Lors de la réalisation de l’ infusion, disposer les plantes dans une casserole en inox, mettre la quantité d’eau froide nécessaire, puis porter à ébullition. Couper le feu, puis verser le mélange dans le chinois (pour filtrer les résidus de plantes une fois l’infusion terminée) ou dans la tisanière (pour prolonger l’infusion).
  • Concernant l’eau, utilise de préférence une eau peu calcaire (suivant ta région), ou de l’eau de source peu minéralisée.

Décoction, infusion ou macération de plantes : quelle méthode pour quel usage ?

Très simple à fabriquer, la tisane consiste tout simplement à extraire les nombreux principes actifs hydrosolubles de la plante ainsi que les substances aromatiques libérées par la cellule végétale grâce aux propriétés de l’eau chaude.

Sous cette forme, elle peut présenter plusieurs usages :

  • En boisson sous forme d’infusion, de bouillon ou de soupe ;
  • En cataplasme et en lotion (pour nettoyer ou cicatriser une plaie) ;
  • En friction (pour les cheveux) ;
  • En sirop (après adjonction de sucre) ;
  • En bain (bain de siège, bain de pieds) ;
  • En inhalation (voies respiratoires) ;
  • En gargarisme (maux de gorge)….

L’usage d’une infusion, d’une décoction ou d’une macération de plante ne se fait pas au hasard. Ces techniques vont dépendre principalement :

  • De la plante utilisée ;
  • De la partie de la plante dont on veut extraire les principes actifs.

L’infusion (méthode à chaud)

L’infusion est surtout adaptée aux plantes aromatiques et aux parties de plantes fragiles nécessitant une température moyennement élevée. Elle permet d’extraire les substances susceptibles d’être dégradées par une chaleur trop intense ou prolongée.

Parties de plantes utilisées : Fleurs, sommités fleuries, feuilles, tiges et fruits à mucilage.

Mettre les plantes dans l’eau froide, porter à ébullition. Stopper la chauffe puis laisser infuser entre 5 à 10 minutes suivant la plante utilisée (cf : livres spécialisés).

Notons que pour le thé, l’infusion ne doit pas dépasser 5 minutes afin de limiter la diffusion des tanins à l’origine de l’amertume de la boisson.

La décoction (méthode à chaud)

La décoction s’utilise dans des cas précis, lorsque les parties de plantes dont on veut extraire les principes actifs s’avèrent très dures ou ligneuses (telles que les racines, les écorces ou le bois d’aubier). Cette méthode prolonge l’action soutenue de la chaleur sur la plante de façon à casser la fibre de cellulose et à libérer les substances.

Parties de plantes utilisées : Racines, écorces, graines.

Mettre les plantes dans l’eau froide, porter à ébullition. Poursuivre l’ébullition durant 5 à 10 minutes suivant la plante utilisée.

La macération (méthode à froid)

Utilisée dans des cas très particuliers, la macération est le plus souvent utilisée dans le cas de plantes extrêmement fragiles ne supportant pas la chaleur (fleurs), ou pour la confection d’eaux florales, de macérats huileux ou hydro-glycérinés, d’alcoolats, de teintures, de vins médicinaux… La seule substance extractrice n’étant ici plus seulement de l’eau.

La macération peut également favoriser le ramollissement de certaines graines utilisées dans l’alimentation ou broyées en cataplasme (lin par exemple).

Mettre les plantes dans l’eau froide (ou le liquide extracteur), et laisser macérer plusieurs heures à plusieurs jours suivant la plante utilisée. En cas de macération dans l’eau froide, ne pas dépasser 10 h (risque de fermentation).

A SAVOIR : Dans le cas des infusions et décoctions, la température idéale de l’eau pour extraire les principes actifs de la plupart des plantes se situe entre 80 et 90 °C. Si tu souhaite être plus précis(e) dans ta mesure de température, tu peux utiliser soit un thermomètre de cuisine, soit une bouilloire à thermomètre réglable.

Comment doser les plantes dans une tisane ?

D’ après de nombreux auteurs, le dosage des plantes s’exprime comme suit :

Pour un adulte :

  • Entre 25 et 50 g de plantes sèches pour 1 L d’eau (3 à 4 cuillères à soupe) ;
  • Entre 50 et 100 g de plantes fraîches pour 1 L d’eau.

Pour les enfants, on prépare les infusions ou décoctions comme pour les adultes que l’on diluera ensuite dans de l’eau :

  • De 1 à 3 ans : 1/6 de la dose adulte ;
  • De 3 à 7 ans : de ¼ à 1/3 de la dose adulte ;
  • De 7 à 12 ans : de 1/3 à ½ de la dose adulte ;
  • De 13 à 20 ans : 2/3 ou dose entière.

Concernant les nourrissons, les enfants en très bas âge et les femmes enceintes : Toutes les plantes ne sont pas conseillées. Renseigne – toi  systématiquement auprès de ton médecin traitant, ou d’un phytothérapeute agréé. »

Le dosage précis de chaque plante va dépendre de ses propriétés et de son champ d’action. Les nombreux ouvrages spécialisés sont relativement exhaustifs à ce sujet. Tu peux notamment te référer au livre « La phytothérapie » de Jean Valnet ainsi qu’aux autres références présentées en fin d’article.

De même la posologie va dépendre du problème à gérer.

En cas de phase aigüe (type infection ou douleur intense), il est conseillé de boire entre 2 et 3 tasses par jour,  durant un maximum de 7 jours consécutifs. Parfois, il est même préconisé de boire une tasse toutes heures à toute les 2 heures durant les premières 24 h. Pour une cure longue durée (cure saisonnière par exemple), boire 2 tasses par jour durant 7 jours consécutifs, stopper durant 7 jours, puis reprendre la boisson durant 7 jours, et ce jusqu’à 21 jours de cure.

A lire aussi : 5 remèdes naturels pour soulager les règles douloureuses 

Quelques sont les meilleures plantes à utiliser sous la forme de tisane ?

L’eau chaude constitue le solvant qui va extraire la plupart des principes actifs de la plante. C’est un solvant universel très puissant, capable d’extraire la grande majorité des molécules qui nous intéressent dans nos plantes.

Voilà pourquoi la tisane a toujours été l’une des formes galéniques les plus plébiscitées par les herboristes depuis des millénaires.

La tisane, pour être efficace, doit donc être utilisée sur des plantes dont les principes actifs que l’on souhaite extraire en priorité sont « hydrosolubles », c’est à dire qui ont une grande affinité avec l’eau, comme :

  • Les sucres simples et complexes (oses)
  • Les protéines
  • Les tanins
  • Les acides phénols
  • Les minéraux
  • Les hétérosides.

L’est est également capable d’extraire, de façon partielle, les huiles essentielles contenues dans les plantes aromatiques, ainsi que les alcaloïdes.

Pour les plantes dont les principes actifs (comme les résines, les huiles) ne sont pas hydrosolubles, on choisira d’autres formes galéniques mieux adaptées.

Décoction, infusion, comment préparer une tisane maison

Quelques exemples de tisanes de plantes :

Thym vulgaire -> diarrhées, bronchites, rhumes, plaies, infections, maux de gorge

Verveine odorante -> indigestion, spasmes

Camomille romaine -> rhumatismes, plaies, migraines, insomnies, indigestion, ulcères, dépression, nettoyage du foie, fièvre, inappétence

Citronnier -> infections, fièvre, calculs biliaires et urinaires, ulcères, hypertension, maux de gorge, grippe

Menthe poivrée – > indigestion, coliques, fièvre, fatigue générale, aérophagie, migraines, règles douloureuses, vomissements

Mélisse -> indigestion, migraine, nervosité, spasmes, règles douloureuses, anémie, perte de mémoire, émotivité

Romarin -> digestion, fatigue, convalescence, ballonnements, migraines, infections respiratoires

Et toi, quelles sont tes tisanes préférées ? Partage ta meilleure recette en commentaire ! 

 

Références bibliographiques 

« La Phytothérapie » - Dr Jean Valnet 

« Tisanes et vieux remèdes » - Juliette Brabant-Hamonic 

« Traité pratique de phytothérapie » - Dr Jean Michel Morel 

« Secrets d’une herboriste » - Marie Antoinette Mulot 

https://www.altheaprovence.com/blog/infuser/ 

https://www.altheaprovence.com/blog/reprenons-gout-aux-infusions/

8 Comments

  1. Bonjour,
    Longtemps que j’utilise les tisanes, enfin certaines (j’ai encore beaucoup à apprendre, notamment pour identifier certaines plantes). Mais beau romarin et mélisse dans mon jardin, du thym à proximité, parfois de la reine des prés, voilà quelques plantes que j’utilise régulièrement. Cela dit, je m’y connais mieux en homéopathie, gemmothérapie et aromathérapie… J’ai de bons bouquins sur ces sujets, mais aussi sur les plantes médicinales.
    Une faute à signaler : il est écrit :
    « Quelques sont les meilleures plantes à utiliser sous la forme de tisane ? »De même « En cas de phase aigüe » : il faut écrire : « En cas de phase aiguë ».
    J’aimerais savoir faire des macérats hydro-glycérinés, des teintures-mères…

    1. Bonjour Chlorophylle, normalement la faute est corrigée, merci pour votre regard affuté !
      Les macérâts hydro-glycérinés, ce ne sont pas les formes les plus simples à réaliser, quand aux teintures mères, n’en parlons pas, ce sont des formes standardisées fabriquées en laboratoire pour l’homéopathie. Les teintures de plantes sèches pour leur part sont beaucoup plus simples, avec de l’alcool à 50 ° on arrive déjà à faire des choses très intéressantes ! Idem pour de l’alcoolature, mais il faut pouvoir trouver de l’alcool à 90 degrés…

  2. Bonjour,

    J’aimerais pouvoir me procurer de l’Artemisia annua ou Afra, Melle Apothicaire et connaître la posologie.
    Cordialement

  3. Bonjour,

    Merci pour les informations reprises sur votre site.
    Question : concernant les tisanes, peut-on boire le lendemain la préparation de la veille ? exemple pour la tisane de romarin ?

  4. En ce moment, à la maison je fais infusion d orties menthe, ou verveine mélisse.
    Je souhaite faire sécher la mélisse. Mais l operation n est pas aussi simple qu avec les orties ou la menthe.
    Merci pour vos conseils.

    1. Bonjour, malheureusement la Mélisse fait partie des plantes qui perd ses propriétés au séchage. Mieux vaut donc l’utiliser fraîche en tisane, ou la congeler pour l’utiliser en hiver 😉

  5. Bonjour, dans la liste je rajouterai le romarin contre la constipation, la toux, faciliter la digestion et pour combattre le stress

    1. Bonjour, merci pour le romarin, c’est une bonne idée, je vais le rajouter! C’est également une plante qui sert aussi (et surtout) pour soulager le foie (et donc qui stimule la sécrétion des enzymes digestives de la bile 😀

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